Jacob Tierney est un jeune Canadien d'un peu moins de 30 ans, doté d'une bouille d'ange du cool et de bouclettes Louis XIV qui en auraient fait un interprète parfait pour Sofia Coppola si Tierney avait eu une quelconque envie de perpétuer une carrière d'acteur amorcée à la fin du siècle dernier (The Neon Bible, This Is My Father) et mise en sommeil depuis maintenant cinq ans. A la place, il a préféré déporter son énergie pour réaliser Twist, transposition de la figure archangélique d'Oliver Twist dans le milieu des prostitués mâles des rues de Toronto. A ce titre, ce Twist-là n'entre que de très loin en concurrence avec celui, imminent, de Roman Polanski.
Papier gras. Pour l'heure, dans les ruelles à putes de Toronto, équivalents marchands des caniveaux londoniens d'autrefois, Tierney visualise un Dickens raturé dans ses marges par un activiste pédé du style David Wojnarowicz ou Dennis Cooper. Aux peurs de l'enfance des bouges victoriens s'est substitué tout un climat froid de papiers gras, d'allées désertes, de mugs de café tristes, et d'un peu de cette poudre qui parcourt le sang de Dodge, gigolo héroïnomane à dégaine de mannequin, se prostituant pour pouvoir se défoncer, se défonçant pour se prostituer. Dodge, dans un diner décati, tombe sur Oliver, un gosse candide et racé, un petit fugueur qu'il entraînera avec lui sur la planche pourrie du tapin avec en fond un drame oedipien mal réglé (dans tous les clients se cache un père, ou un frère).
C'est quand Twist essaie de ren