Comme le titre ne l'indique pas, le film est espagnol. Sa problématique sous-jacente fumer or not fumer en entreprise est, quant à elle, cuisante dans toutes les langues du monde occidental. Surtout si l'on travaille dans la succursale d'une boîte américaine, comme Ramirez, Sotomayor, Enrique, Rubio et les autres gars de ce bureau standard avec couloirs à néons, fauteuils marron, cloisons de contreplaqué et moquette beige. L'histoire pourrait aussi bien se dérouler à Milan ou Copenhague et, dans le fond, il pourrait bien ne pas s'agir d'une boîte américaine mais d'une entreprise suisse ou britannique fabriquant ou vendant n'importe quoi.
Las d'être forcé de sortir en plein vent et de se cailler les miches sur son temps de pause pour avoir le privilège d'en griller une, Ramirez lève le drapeau de la révolte. Il lance une pétition pour réclamer la création d'un local fumeurs, autrement dit une «smoking room» dans la langue des exploiteurs américains. On trouve là la justification du titre. Les démêlés qui s'ensuivent ne correspondent pourtant pas à ce que l'on attendait : pas d'empaillages entre accros de la nicotine et ayatollahs de l'anticlope dans ce monde de mâles soucieux de s'affirmer comme tels. Ce n'est pas la cigarette qui fera débat, mais la pétition.
Chacun, ou presque, est d'accord «mais...». D'entretien en entretien, d'un collègue à un autre, s'organise une parade vitriolée de dérobades toutes plus martiales et foireuses les unes que les autres. Débines péteuses