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Libération
Interview

«L'intelligence ne protège pas de la lâcheté»

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publié le 5 octobre 2005 à 3h57

Avec sa barbe blanche et son sourire avenant, Michael Haneke, 63 ans, cache bien son jeu : celui d'un des cinéastes les plus inquiétants de l'époque. Rencontre avec un homme qui vit entre Vienne et Paris, entre deux langues, deux cultures. Mais avec une seule obsession : porter le fer dans la plaie.

A Cannes, jusqu'au dernier moment, Caché était donné favori. Pas trop déçu ?

J'ai vu tellement de favoris passer à côté du palmarès ! Il y a dans la vie des choses pires que de recevoir le prix de la mise en scène à Cannes. J'aurais été heureux avec la palme, mais j'ai été content de la bonne réception internationale du film, ce qui est nouveau, même en Amérique qui n'aime pourtant pas les fins ouvertes. Le film a été vendu dans cinquante pays.

Michel Houellebecq fait l'éloge de votre cinéma dans la Possibilité d'une île...

J'en suis très flatté. J'aime beaucoup Houellebecq. J'ai lu Extension du domaine de la lutte et les Particules élémentaires ­ tout est traduit en Allemagne où il est très connu. C'est l'écrivain contemporain où je me sens le plus chez moi : je vis dans le même monde que cet homme. Même si je n'ai rien à voir avec lui, son malaise est le mien. Il écrit des livres très réalistes, ni exagérés ni pessimistes, et je sens beaucoup de compassion chez lui pour ses personnages. C'est ce qui compte : ce que les gens que vous considérez pensent de vous.

Pourquoi fouillez-vous ainsi dans la culpabilité coloniale française ?

Je remue l'histoire, j'aime ça. C'est pareil en Autric