Comment sortir de soi-même, quand on est cinéaste depuis très longtemps et prisonnier volontaire de sa griffe, de ses propres effets de signature, répondant à son public par des signes complices ? De Woody Allen, on pensait n'avoir plus rien à attendre. Ses périodes étaient dessinées, aux contours précis. Au comique easy listening en chemise pelle à tarte des débuts (Casino royale) avaient succédé dix années exceptionnelles, analysant à toute allure le cas humain new-yorkais (avec Broadway Danny Rose, en apothéose), avant une période à prétention bergmanienne mitigée (Maris et femmes), encore goûtable comparée à ce qui allait suivre : une grosse décade engluée dans des films nostalgiques (le Sortilège du scorpion de jade), inoffensives comptines néo-Broadway au rythme d'une par an, entrecoupées d'opus en noir et blanc courant après les icônes de la jeune génération (Di Caprio, Chloé Sevigny).
A évaluer la hauteur glamour du casting de Match Point, invitant Jonathan Rhys Meyers (Velvet Goldmine, Alexandre) et surtout Scarlett Johansson (Lost in Translation), on se dit à la fois que ce type et l'armée de directeurs de castings qui l'entourent ont encore de la suite dans les idées, mais qu'on ne voudrait pas voir gâchées pareilles munitions. Maintenant que le film est là, on peut ravaler notre pipeau, et aller même en pèlerinage jusqu'à Manhattan où l'autrefois comique doit encore jouer un soir par semaine un atroce jazz swing : froid inquiet, sonorité dure, terreur profonde, Ma