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Libération
Critique

«Bataille» à corps perdus.

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Outrance des images, des émotions, Reygadas signe une épopée à la démesure du Mexique.
publié le 26 octobre 2005 à 4h15

L'affaire ayant fait à Cannes quelque bruit, vous êtes sans doute prévenus : Bataille dans le ciel s'ouvre en pipe. Une pipe élégiaque, envoyant au septième ciel celui qui la subit, et faisant couler des larmes divines sur le visage de celle qui la taille. Quitte, devant cela, à tendre quelque chose, on vous suggérera les oreilles. D'une part, cela n'a jamais empêché de voir, et de l'autre, vous y rencontrerez un souffle, une respiration, que couvrira à peine une musique montant en puissance. Au passage, vous y trouverez la posture même du film (tout ouïe), et celle tout indiquée pour jouir à plein de sa mise en scène schizophrénique, séparée, scindée en deux bandes, en deux blocs opposés.

Faces grotesques. La première «bataille» qui se joue dans ce «ciel» sera donc celle de l'image et du son. Trop aigu, trop stressant, oppressant tout sur son passage, le long signal sonique qui parcourt le film finit par ranger chaque chose sous sa coupe. Le récit d'abord, qui subit les attaques permanentes d'une sonnerie continue le rendant fou jusqu'à provoquer une montée de sève mystique qui finira en petit cirque des zouaves, un sac à patates sur la tête sur fond d'éructations infamantes («no mas petas, no mas petas», «fini les nichons»). Le regard ensuite, comme distordu à force de lutter pour imposer une image envers et contre une bande son aussi agressivement souveraine. Alors, ce sera un festival de faces grotesques, les gros plans baroques, proches de l'hallucination, en guise de se