Sous la table du restaurant, il s'en passe de drôles. Une brune se caresse face à un homme qui l'encourage du regard et, doucement, de la parole. Elle est rejointe par une blonde qui, comprenant la situation, retire discrètement sa culotte, et se caresse à son tour. Les filles se rapprochent. Seule une serveuse remarque le manège, troublée. Le souffle féminin se fait haletant, le plaisir monte. Soudain interrompu par la proposition de l'homme: «Ne terminez pas tout de suite, ce sera meilleur après: si vous l'acceptez, je vous conduis à l'hôtel d'en face pour continuer...»
Trois plaintes. Jean-Claude Brisseau tourne au Dôme du Marais, restaurant kitsch du troisième arrondissement de Paris, une scène de son dixième film, les Anges exterminateurs. Cinq semaines à un rythme échevelé, qui viennent de s'achever, le temps pour le cinéaste de préparer une épreuve: le 2 novembre, il comparaît devant le tribunal correctionnel pour «harcèlements, escroqueries, agressions sexuelles par personne ayant autorité», suite aux plaintes de trois actrices auxquelles il a fait faire des essais érotiques et qu'il n'a pas retenues pour son film précédant, Choses secrètes, voilà trois ans. En janvier 2003, le cinéaste a été placé quarante-huit heures en garde à vue, les policiers saisissant les cassettes d'essais vidéo de trois de ses films, l'Ange noir (1994), Choses secrètes et Portraits nus, en préproduction chez Paulo Branco qui, deux années plus tard, est devenu les Anges exterminateurs, avec c