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Libération
Critique

«Gloria Mundi», plaie rouverte

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En 1974, le film de Nico Papatakis fit scandale. Reprise.
publié le 2 novembre 2005 à 4h23

«J'ai longtemps habité là. Cet appartement, juste en face.» C'est depuis le café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, que Nico Papatakis évoque la ressortie de Gloria Mundi. Tourné en 1974, c'était alors son troisième opus, après les Abysses, sélectionné au Festival de Cannes en 1963, et les Pâtres du désordre, sorti en mai 1968. Gloria Mundi qui, dix ans après la guerre d'Algérie, mettait en scène la torture, sera accueilli dès sa sortie par des bombes incendiaires placées dans les salles par des activistes d'extrême droite. Sa carrière s'arrêtera là. Papatakis ne refera que deux films par la suite : la Photo en 1988, les Equilibristes en 1991. Et c'est Gloria Mundi ­ son «film-suicide», dit-il ­ qui le ramène, à 85 ans, derrière la caméra.

Torture. «Je n'ai pas un itinéraire de cinéaste, dit-il. Ce film, je l'ai revu il y a deux ans par hasard, et il m'a semblé qu'il abordait des questions très actuelles. J'ai eu envie de le raccourcir, de le rendre plus intemporel et de le voir ressortir.» Cette histoire d'une actrice qui s'imprègne du rôle d'une révolutionnaire arabe torturée par des parachutistes, au point de s'infliger des brûlures de cigarette, fait évidemment écho. C'est l'Algérie dont parle alors Papatakis, mais c'est aussi la Palestine, et aujourd'hui l'Irak... Une allégorie brutale sur la torture en période de guerre, sur le terrorisme, et un huis clos oppressant sur le rapport maître-esclave d'une actrice avec son metteur en scène.

Une hantise de l'aliénation qui es