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Libération
Critique

Le «Conte» est beau

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Sixième film-fable du Coréen, à partir d'un triangle amoureux.
publié le 2 novembre 2005 à 4h22

Le sixième film de Hong Sang-soo est passé relativement inaperçu au dernier Festival de Cannes, où il concourait en compétition officielle. Il ne faudrait pas que cette indifférence se reproduise lors de la sortie en salle car ce Conte de cinéma est le plus dépouillé, simple, «populaire», pour tout dire accessible, des films du jeune maître coréen.

On ne s'habitue pas aux films de Hong, car, à un moment ou à un autre, parfois le plus inattendu, ils vous sautent à la gorge. Et ça fait mal. Dans ce Conte..., c'est une mère qui insulte l'un de ses fils relevant à peine d'une tentative de suicide, un homme qui pleure aux pieds d'un agonisant terrifié par la mort rôdant tout prêt, un amant qui pétrit jusqu'à la douleur les seins de sa maîtresse qu'il n'arrive pas à déflorer, la même qui, soudain, jouit d'un autre homme avec une force incroyable.

D'incertitude. Quand il tente de définir l'élément le plus novateur du cinéma de Hong Sang-soo, son acteur désormais fétiche Kim Sang-kyung, le héros du plus beau film coréen de ces dernières années, Turning Gate, parle d'un «principe d'incertitude». Il n'a pas tort, tant le cinéaste joue sur l'indécision de ses personnages, de ses histoires et, surtout, des affects qui parcourent et animent les uns et les autres. Aucun acteur ne commence un tournage de Hong avec un scénario précis, recevant son texte au tout dernier moment, le matin même des prises, et les spectateurs sont tenus dans le même état: personne ne sait au juste comment va évolu