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Libération
Critique

Peter Tscherkassky atomise la pellicule

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L'avant-gardiste a fait sensation au Festival de Vienne.
publié le 2 novembre 2005 à 4h22

Vienne envoyé spécial

Peter Tscherkassky a été la star des derniers jours de la Viennale, le festival de la capitale autrichienne (du 14 au 26 octobre). A 47 ans, installé dans une ferme des environs très campagnards de la capitale habsbourgeoise, Tscherkassky est l'histrion des jeux avec la texture de pellicule. Cet ex-philosophe, auteur d'une thèse sur le «film comme art», membre fondateur du groupe avant-gardiste Sixpack Film en 1984, ancien directeur de la Diagonale de Linz et disciple de Peter Kubelka, a déjà réalisé une trentaine de ces opus courts, et même explosifs. A chaque fois, il filme comme l'exploration d'un nouveau territoire, s'emparant de pellicule de films existants pour les faire renaître autrement, par caresses, griffures, maltraitances, explosions. Le plus étonnant chez Tscherkassky reste que la richesse visuelle, efflorescente, n'empêche pas l'émotion, ciblée, voire la sensualité ou l'érotisme.

Gonflé. Si son labo se nomme POET Pictures Productions, c'est parce qu'il s'appelle Peter Otto Emil T. Certes, mais également «comme si Mallarmé nous envoyait des télégrammes d'amour», ainsi que le lance Nicole Brenez, papesse de l'avant-garde française. Tscherkassky, après avoir parcouru le Berlin punk et trash du début des années 80 en une série d'opuscules en super-8 gonflé, dans tous les sens du terme (en 16 mm et tendus jusqu'à exploser par éclats), a déjà ébloui le petit monde de l'expérimental avec sa trilogie physique, l'Arrivée, fragments de Mayerling reto