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Libération
Critique

Gitaï tient vaguement sa route.

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publié le 9 novembre 2005 à 4h29

Troisième volet, après Alila et Terre promise, d'une sorte de triptyque bordélique, Free Zone entraîne deux femmes en Land Rover vers une troisième qui les attend dans un no man's land en Jordanie, où se retrouvent trafiquants en tout genre de véhicules de toute sorte. Cet étrange marché est le prétexte d'un voyage pour aller chercher sur zone un paiement promis. Trois femmes s'y croisent : l'Israélienne Hanna Laslo, une Yolande Moreau locale, star du théâtre de gauche ayant raflé, on ne sait trop pourquoi, le prix d'interprétation du dernier Festival de Cannes ; la Palestinienne Hiam Abbas, grande dame du cinéma arabe ; et l'Américaine Natalie Portman, débarquée des étoiles dans un autre espace auquel, visiblement, elle ne comprend goutte, gestes et sentiments égarés, mais plutôt belle et émouvante par cette perte même.

Amos Gitaï adore ce genre de machine infernale, une machine à voyager entre Jérusalem et la frontière jordanienne, mais aussi entre les histoires, les genres, les paysages, les personnages. Si bien que le film n'est plus que trajets et déplacements : la voiture devient le personnage central, et tout ce qui bouge prend une valeur exponentielle, une larme coulant sur une joue, un nuage roulant dans le ciel, les flammes d'une palmeraie en feu, deux visages qui se rapprochent, la poussière balayant une route, des images en surimpression sur un pare-brise, les gestes souvent étranges d'êtres qui nous resteront étrangers.

Le mouvement est le seul principe d'organisa