Du haut de ses quatre ans et demi, l'enfant qui occupe l'affiche a un regard particulièrement éveillé. Devant la caméra, ses mots vont même au-delà de tout ce qu'on aurait osé imaginer : «Bien sûr, je fume de l'herbe... Si t'en as, je te montre, je la mangerai...» Un peu plus loin, il parle aussi des «camés au speed» qui traînent dans son entourage, des descentes de flics qui «cassent des têtes», du fait qu'il ne porte pas de chaussures...
Il n'y a aucune mise en scène. L'action se déroule en 1969, en plein coeur du quartier de Haight Ashbury, à San Francisco, lui-même épicentre du mouvement hippie encore florissant. Apprenti cinéaste, le jeune Ralph Arlyck recueille le témoignage du gamin qui habite dans le même immeuble que lui. Quinze minutes en résulteront, donnant lieu à un court métrage présenté dans divers festivals internationaux, ainsi qu'à la Maison Blanche, pour illustrer une conférence sur les aides de l'Etat aux enfants.
Un quart de siècle plus tard, Ralph Arlyck part sur les traces de son héros. Pourtant, Following Sean ne se cantonne pas au suspense consistant à savoir ce qu'à bien pu devenir le freak en herbe. Très vite, on comprend qu'il s'agit avant tout d'un questionnement sur les utopies et la façon dont chacun doit, in fine, composer avec une réalité qui outragera inéluctablement les idéaux.
Arlyck met en parallèle l'évolution de sa famille et de celle de Sean pour narrer sans commisération une chronique introspective, à la fois tendre, digne et ironique de