Hou Hsiao-hsien, 58 ans, était à Paris pour parler de Zui hao de shi guang, «Nos meilleurs moments», dont le titre «international» est Three Times. Personnage plutôt effacé devant les journalistes, ses proches le décrivent comme un bon vivant qui aime sortir, boire, chanter (il écrase toute concurrence au karaoké). C'est surtout l'un des cinéastes les plus extraordinaires et influents de sa génération. Entretien en mode «respect total».
Les trois parties de Three Times ont-elles été tournées en même temps ?
Entre le 18 janvier et fin mars 2005, d'une seule traite. La partie de 1911 a été tournée en douze jours, celle de 1966 en six jours. C'est la partie 2005 qui m'a demandé le plus de travail. Le projet remonte en fait à 2003, il s'agissait d'un film à sketches tourné avec deux autres cinéastes taïwanais et qui avait été annoncé au festival de Pusan (en Corée du Sud). Nous avions une subvention du bureau de l'Information de Taiwan, 300 000 dollars environ. En cherchant d'autres financements, on a commencé à rencontrer des difficultés pour boucler le budget. En cas d'abandon, il fallait restituer 10 % de la somme avancée; j'ai donc décidé de faire les trois parties moi-même.
Pourquoi avoir utilisé à chaque époque le même couple d'acteurs, Shu Qi et Chang Chen ?
D'abord pour des raisons pratiques liées aux contraintes de temps et d'argent. Mais je me suis dit que faire jouer au même couple trois histoires de relations sentimentales à trois époques différentes permettrait de mieux