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Libération
Critique

Dans la roue de Marcos

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La marche des zapatistes, en 2001 au Mexique, filmée de l'intérieur.
publié le 16 novembre 2005 à 4h35

Sur le zócalo ­ la grand place ­ de Mexico, une foule écoute un discours du sous-commandant Marcos. Nous sommes le 11 mars 2001 et la Marche de la dignité indienne, entamée par les zapatistes deux semaines plus tôt, touche à sa fin. A la tribune, Marcos égrène les noms des soixante et quelque peuples indiens qui vivent sur le sol mexicain. Mais la caméra semble s'en désintéresser. Plantée au milieu de la foule, elle ne quitte pas le visage d'une jeune fille en lutte contre le sommeil. La chaleur, la fatigue, la voix monotone de l'orateur pèsent sur ses paupières. Elle finit par s'endormir contre l'épaule de son père. Ainsi se termine la Fragile Armada, le film de Jacques Kebadian et Joani Hocquenghem, à la fois vaincu par l'épuisement et rattrapé par le cinéma, comme apaisé d'avoir définitivement pris la tangente. La jeune fille n'est pas anonyme : elle s'appelle Karem. Angel, son père, est instituteur à Nezahualcoyotl dans la banlieue de Mexico. Tous deux ont suivi la Marche depuis son départ de San Cristobal de la Casas, au Chiapas.

Le 25 février 2001, vingt-quatre dirigeants zapatistes, dont le sous-commandant Marcos, accompagnés de plusieurs centaines de sympathisants, ont entamé leur périple en autobus. Objectif : Mexico. A chaque étape, des discours, des meetings, des rencontres. Principale revendication : l'application des accords de San Andrés, signés en 1996, qui prévoyaient une large autonomie pour les peuples indiens du Mexique. Hocquenghem et Kebadian sont montés