Aux journalistes qui, à l'automne 2004, interrogeaient Hou Hsiao-hsien sur ses projets immédiats, l'ancien bad boy de Formose passé maître en contemplation lascive affirmait vouloir mettre de l'ordre dans ses idées, prendre du temps. Après tout, Café lumière, son hommage à Yasujiro Ozu tourné dans un Tokyo estival, était à peine sur les écrans, et si à ses débuts, dans les années 80, HHH avait l'habitude d'enchaîner un film par an, les choses allaient désormais pour lui plus doucement ; depuis les Fleurs de Shanghai en 1998, il espace de deux ou trois années ses mises en scène. Au coeur de l'hiver pourtant, une rumeur n'allait pas tarder à bruisser dans Paris : une émissaire chinoise aurait sur elle une cassette d'un inattendu nouveau film de Hou Hsiao-hsien, tourné dans l'urgence en janvier. Des choses à montrer à la fois pour achever le montage financier et appâter les sélectionneurs des grands festivals. Pas encore une expertise des travaux finis, mais suffisamment de matière pour que le film donne des gages d'assurance sur son avancée, notamment au Festival de Cannes, qui commencera dans quelques semaines. Pendant quelques jours, cette Chinoise inconnue, que l'on serait prêt à décrire (sans jamais l'avoir vue) comme une espionne fatale tombée d'un SAS (opération HHH), est devenue la femme la plus recherchée de la capitale. On imagine : une atmosphère de triades, des rendez-vous clandestins dans des arrière-salles enfumées d'opium, une cassette unique portée soigneusement
Critique
HHHypnose
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par Philippe Azoury
publié le 16 novembre 2005 à 4h35
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