La sortie américaine de Jarhead est un succès. Le film réalisé par Sam Mendes et ayant pour cadre l'opération Desert Storm en Irak a coûté 72 millions de dollars et en a rapporté plus de 25 dès son premier week-end d'exploitation, ce qui le place dans le groupe de tête des films de guerre récents où des marines sont impliqués, tel Black Hawk Down de Ridley Scott ou Three Kings de David O. Russel (1). Nous devrons attendre le 11 janvier, date de la sortie française, pour en juger, mais aux Etats-Unis, Jarhead est l'occasion d'un débat que le New York Times Magazine mène tambour battant : «Hollywood Goes to War !» s'exclame sa dernière une, qui figure une mitraillette au pied d'un projecteur. Comment l'industrie hollywoodienne s'y prend-elle pour appliquer ses recettes à ce sujet si sensible aux Etats-Unis et pourquoi, après quelques coups de sonde disparates, un véritable mouvement de fond semble aujourd'hui traverser les grands studios en faveur de projets à thèmes guerriers ? Tels sont en gros les sujets de ce numéro spécial, «The Movie Issue», qui fouille en détail (techniques, cultures, politique) le rapport si particulier de l'Amérique à son cinéma en uniforme.
Il ne faut surtout pas en tirer la conclusion trop rapide d'une pente belliciste : l'Amérique est heureusement plus complexe que sa caricature et même à Hollywood, une certaine dialectique reste à l'oeuvre, selon que l'on considère l'approche d'un studio «liberal» comme DreamWorks, les politiques de programmation d