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Libération

Mes dates clés, par Xavier BEAUVOIS

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publié le 16 novembre 2005 à 4h35

"6 juin 1944. J'aurais adoré avoir 20 ans et débarquer avec les 177 hommes du commando Kieffer (1). En restant vivant. Quand on aime la mise en scène, il n'y aura jamais aussi brillant. Un concentré d'audace et de culot. Je connais tout par coeur, comme un film.

20 mars 1983. Pour mes 16 ans, mes parents m'offrent un magnétoscope. J'habite le bled d'Aire-sur-la-Lys et je suis interne, la semaine, au lycée de Calais. Je programme comme un fou le magnétoscope pour pouvoir me faire le week-end tous les films de la semaine.

1984. Je fréquente le ciné-club de Calais tous les mercredis. Un soir, Jean Douchet vient présenter M. le maudit. La plus grande claque de ma vie. Douchet incarne depuis le critique idéal, celui qui fait comprendre le cinéma comme le plus brillant de tous les arts. Avec son cachemire, on aurait dit Fellini.

20 mars 1985. Je me prépare à rater le bac, mais à 18 ans je peux faire ce que je veux : je quitte ma province, décidé à conquérir Paris.

1986. Un dimanche, je téléphone à Tavernier, comme ça. Qui me répond : «Dans le cinéma, tout le monde se fout des diplômes, passez plutôt votre permis et faites des stages de régie sur les tournages.» Grand espoir autodidacte. Le dimanche suivant, je rencontre Douchet dans la rue, et je l'aborde. Par lui, je rencontre Serge Daney. A eux deux, ils me forgent une morale de cinéma : «Faire des plans, pas des images.» Des cours particuliers privilégiés : je ne peux pas en placer une. Ils me branchent sur Paulo Branco, qui produi