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Libération
Critique

Saigneur Scorsese.

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publié le 30 novembre 2005 à 4h44

C'est incontestablement l'événement cinéphile de cette fin d'année, de ceux dont le Centre Pompidou (et surtout Sylvie Pras, responsable de la programmation) a désormais le secret : une intégrale Martin Scorsese (une trentaine de longs, des docus, des pubs, des clips...), doublée d'une sélection par le plus fiévreux des cinéastes américains d'une quarantaine de ses films favoris. Parallèlement à ce raout de projos (qui se poursuit jusqu'en mars) sort un gros livre constitué d'entretiens (1) fouillés menés tambour battant par Michael Henry Wilson entre 1975 et 2005, et illustrés de nombreuses photos extraites des archives perso de Scorsese. De l'équipage seventies Nouvel Hollywood (avec Coppola, De Palma, Spielberg et d'autres), il est celui qui a poussé à son régime maximum toutes les ressources du cinéma ; il n'a eu de cesse d'assumer le double rôle du styliste passionné et du grammairien érudit. «Pendant le tournage des Affranchis, je me souviens avoir visionné une copie de l'Homme à la caméra de Vertov un dimanche où j'étais déprimé. Ça m'a galvanisé.» Cette manière de se nourrir en temps réel des «trésors» du passé, de vouloir porter dans ses films une part du feu sacré brûlant la pellicule, peu l'ont aussi systématiquement mise en oeuvre et avec une telle conviction que ce fils d'immigré sicilien qui, voyou de quartier asthmatique, envisagea, en 1956, de devenir prêtre avant conversion ciné.

En 1976, à 34 ans, Scorsese reçoit la palme d'or à Cannes pour Taxi Driver des m