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Interview

Souleymane Cissé. L'Afrique doit prendre son avenir en main

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Diplomatie. Souleymane Cissé, cinéaste malien, analyse les relations entre la France et le continent.
publié le 3 décembre 2005 à 4h47

Le cinéaste malien Souleymane Cissé, un des réalisateurs les plus connus de sa génération sur le continent africain, évoque le malaise de la jeunesse, sous-tendu selon lui par la domination culturelle de la France et l'inertie des dirigeants locaux.

Ces sommets réunissant la France et les pays africains ont-ils un sens ?

Il est toujours utile que les hommes se parlent. Jacques Chirac dialogue avec l'Afrique et les Africains, alors que la plupart des dirigeants des pays riches du Nord se contentent de diktats. Mais, à mes yeux, ces sommets restent avant tout des rencontres entre touristes : on échange quelques mots, on rentre à la maison et rien de concret n'est fait par la suite. Mais ce n'est pas propre aux chefs d'Etat : dans l'Afrique d'aujourd'hui, à tous les niveaux, on se réunit, on dialogue, on échange... sans aucun résultat.

Certains affirment que ces sommets sont un héritage du colonialisme. Qu'en pensez-vous ?

Un jour, en France, lors d'un festival de cinéma à Pontarlier, un spectateur m'a demandé si le Mali était une nation. Hélas, il avait raison de s'interroger : notre pays n'est pas réellement décolonisé. Dans les réunions internationales, il est souvent assimilé à la France. Comment expliquer que nous parlions encore la langue des anciens colons ? Comment se fait-il que nous n'ayons pas notre propre monnaie et que nous utilisions toujours le franc CFA ?

Faut-il, selon vous, en passer par une rupture avec la France ?

Nous n'avons pas besoin de nous arracher de la France, nous avons juste besoin d'être nous-mêmes. Il ne s'agit pas, comme le font les «jeunes patriotes» à Abidjan, de chercher des boucs émissaires étrangers. C'est à nous de trouver des solutions, car l'ancien colonisateur