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Libération
Critique

Docu et fiction se métissent à Belfort.

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Retour sur les 20es Entre Vues, avec une sélection de films où les genres jouent à profit les vases communicants.
publié le 7 décembre 2005 à 4h51

Belfort envoyé spécial

Sur les écrans d'Entre Vues, fictions et documentaires font compétition à part. Or, pour de nombreux films présentés cette année par le festival de Belfort, la frontière s'est révélée des plus ténues. Dans plusieurs oeuvres dites de fiction, la part documentaire saillait ainsi bien plus que les éléments fictionnels, les réalisateurs peinant à dépasser leur travail d'enquête préparatoire. La jeune héroïne de Pavee Lackeen, the Traveller Girl (mention spéciale du jury) fait penser à la Rosetta des frères Dardenne : même obsession butée, même captation d'une survie au plus près du réel par une caméra mobile. Excepté que les Dardenne font de l'existence précaire de leur personnage un puissant ressort dramatique, alors que l'Irlandais Perry Ogden reste au niveau d'un reportage, certes instructif mais assez froid, sur les gens du voyage à Dublin.

Réservoirs. A contrario, des documentaires découverts à Belfort se sont révélés d'impressionnants réservoirs à fiction. On pense à Ears, Open. Eyeballs, Click., une heure et trente-cinq minutes de hurlements, de sadisme et de lavage de cerveau enregistrés pendant les «classes» de jeunes marines ­ comme dans Full Metal Jacket, mais en pire et en vrai. On pense surtout à Winterkinder, justement récompensé par le grand prix du long métrage documentaire. L'Allemand Jens Schanze enquête sur le passé hitlérien de son grand-père en interrogeant les membres de sa famille. «Ton père était dans le parti, le décrirais-tu comme n