Sadiquement, la présidente de la 10e chambre correctionnelle de Paris prend son temps. Lentement, elle égrène quatre fois «non coupable» au cinéaste Jean-Claude Brisseau, et le corps massif du réalisateur de Noce blanche commence à vibrer d'espoir. Il est relaxé du délit d'escroqueries aux jeunes femmes à qui il promettait des rôles qu'elles n'ont jamais eus. Il est relaxé des délits d'agressions sexuelles sur deux des quatre actrices, relaxé encore du délit de harcèlement sur deux autres. «Ouf», doit penser Brisseau, mais la présidente reprend son souffle et susurre «vous êtes déclaré coupable de harcèlement sexuel», commis entre 1999 et 2001 sur deux des quatre plaignantes. Et ça tombe. Un an avec sursis, 15 000 euros d'amende et 9 500 euros de dommages-intérêts sont alloués à chacune.
Brisseau tourne les talons, écarte rageusement les caméras et les micros qui l'attendent devant la salle et descend les escaliers de son pas lourd. Une seule victoire pour lui, il n'est pas contraint à une obligation de soins et ne sera pas inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Lors de l'audience, il avait été fort maladroit. «j'ai découvert que le fantasme de deux femmes sur trois, c'est de se masturber en public», avait-il, entre autres, confié aux trois juges trois femmes dans un silence gêné. Il se défendait des accusations de quatre comédiennes qui s'étaient masturbées devant lui durant des années, espérant un rôle dans Choses secrètes, un film sorti en 2001 et qui s'est fait sa