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Libération
Critique

Ferrara, éclat mystique

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«Mary», rencontre de trois fous de Dieu, signe le retour en grâce du cinéaste.
publié le 21 décembre 2005 à 5h04

On l'avait quitté dans un état grave, incapable de tenir des propos cohérents lors de la rétrospective de la Cinémathèque en 2002, de faire autre chose qu'un docu sur la vie des camés avec Christmas (2001), Abel Ferrara est de retour. Par fulgurances certes, mais il peut discuter finement, tenir un public impressionné par son air de Quasimodo rappeur, et servir un film valant le déplacement. Sur un plateau d'un métal purement ferrarien : la rencontre mystique de trois fous de Dieu, se croisant au gré de déplacements New York/Rome/Jérusalem vaguement scénarisés. A savoir, Tony Childress, réalisateur plutôt veule jouant le Christ dans son propre film (Matthew Modine, inspiré) ; Mary Palesi, actrice qui incarne Marie-Madeleine au cinéma avant de se prendre littéralement pour elle, voguant sur le lac de Tibériade (Juliette Binoche, théologiquement parfaite) ; Ted Younger, journaliste cathodique animant un show sur la foi (Forest Whitaker en athlète divin perclus de culpabilité entretenant une liaison avec une jolie blonde).

Quatre coupes plus loin. «Jésus Christ !» c'est la première réponse à une question sur les dates qui ont compté dans sa vie... Ferrara ferme les yeux et plonge dans une coupe de champagne. Une heure d'entretien, et quatre coupes plus loin, on saura peu de chose : qu'en 1968 il a tourné à 16 ans son premier film en 8 mm, qu'il a passé comme une torture les examens pour partir troufion au Vietnam, faisant reculer les recruteurs, et qu'il a aimé Mean Streets de S