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Libération

«Une fois que tu es né».

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par BAYON
publié le 21 décembre 2005 à 5h03

Une fois que tu es né, traduit de l'éwé ou du fang, est de bonne indication saisonnière, en diversion légèrement grave aux soucis de dinde.

Soit une autre variation sur la néodécolonisation d'actualité, réponse patente à Caché.

Un fils de jeunes bourges romains (ou milanais peu importe) tombe d'un yacht en cours de croisière. La métaphore est sans ambiguïté : tout droit de l'opulence «ennuyée» au néant. De cette coulée à fond, via un rafiot de passeurs clandestins calabrais, l'enfant fade ressortira mort à son enfance choyée, virilisé (il nage mieux et s'échauffe les hormones), socialisé, politisé.

Comme Bouddha soudain confronté à la bouleversante condition humaine, ou Cat Stevens sauvé du show-biz (succès, yacht de plaisance, noyade et sauvetage miraculeux) par la conversion à l'islamisme fanatique, le fils prodigue d'Une fois que tu es né renaît au monde au prix d'un naufrage.

Par-delà sa morale démonstrative vaguement dérangeante, cette harlequinade joliment tournée réserve une dimension plus curieusement subversive dans son fond de cale cloaqueux : c'est l'homosexualité. Le vrai héros de l'histoire, à vrai dire, venant combler l'insuffisance du Presley mal dégrossi à dents de lapin qu'est Bruno le rôle titre (Alessio Boni), s'avère le voyou roumain Radu (très authentiquement Vlad Alexandru Toma), qui prend le pauvre fils à papa déchu en amitié.

Mi-Pasolini mi-Genet, ce beau forain sauvage sans âge, frange roussâtre loube et sourcils ombrageux, est l'archange embrouilleur sou