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Libération
Critique

Du pathos dans la balance

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Un film sur le juge suicidé Gilles Boulouque.
publié le 4 janvier 2006 à 19h59

«Je suis la fille du juge Boulouque, du terrorisme, des années 80, des attentats parisiens. Je suis orpheline de tout cela. [...] J'avais 13 ans lorsque mon père a tiré, le 13 décembre 1990. Tiré sur lui cette nuit-là. Et sur nos vies.» C'est la double histoire tragique du juge Gilles Boulouque que William Karel a croisée sur l'écran, celle vécue par son enfant et celle relatée par les médias. Une adaptation ­ sans commentaire ni investigation ­ du livre de Clémence Boulouque, Mort d'un silence, publié il y a deux ans aux éditions Gallimard et récité en voix off par Elsa Zylberstein. Un mixage de vidéos de famille en super-8, d'images personnelles de la fillette tournées par son père avec des archives publiques de l'INA, coupures de presse, extraits d'émissions télévisées. Dans sa présentation, William Karel dit que «ce film ne ressemble à rien de connu puisque ce n'est ni un documentaire classique, ni une fiction et surtout pas un docu-fiction».

Après la bombe la plus meurtrière de l'année 1986 au Tati de la rue de Rennes, le 17 septembre, Gilles Boulouque devient juge spécialisé dans ces dossiers de terrorisme arabe. La violence des images à la télé, les hurlements des sirènes, escortes en voiture blindée, gardes du corps pour aller à l'école, sonnent la fin d'une enfance insouciante pour la gamine espiègle. Elle apprend les explosifs avec son père dans la BD de Lucky Luke, Nitroglycérine. Il lui montre sur la plage le revolver si petit mais si lourd censé le protéger. Elle