Un point d'information : ce bal des chattes sauvages n'est pas celui que vous croyez. Le documentaire de Veronika Minder est exempt de toutes connotations libidineuses (graou, graou). Certes eut lieu sous ce titre, dans les années 80, une soirée filles à Genève organisée par le «Cercle Nathalie Barney». Le film éponyme se passe aussi en Suisse et parle également de lesbiennes, même si ce vocable-là ne fait pas toujours le bonheur des cinq femmes interrogées.
Quatre générations s'expriment. La plus âgée, Johanna Berends, seule francophone (les autres sont germanophones) a 93 ans, et la plus jeune, Samira Zingao, 25 ans, en passant par Liva Tresch, 72 ans, Ursula Rodel, 60 ans et Heidi Oberli, 50 ans. Leur apprentissage du désir homosexuel a fait le grand écart entre marginalité ancienne et normalisation récente. Toutes cinq parlent d'expérience, de sorte que leur histoire est le principal sujet du film. Il est également l'occasion de faire un peu l'histoire de l'homosexualité féminine, des femmes et du féminisme en Suisse, pays dont la «neutralité» est carrément édentée lorsqu'il s'agit de sexe et d'orientation sexuelle.
Choupinettes. Ainsi Liva toute jeune se réjouit que Hitler fasse la chasse aux pédés, avant qu'entraînée dans une première aventure homosexuelle, elle s'autoflagelle : «Enfant naturelle, inculte et maintenant lesbienne !» Heureusement, Liva retourna positivement l'insulte, puisqu'elle devint la photographe exclusive des bars homos de Zurich, hors du triangle ma