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Libération
Critique

Cuba à mi-voix.

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publié le 11 janvier 2006 à 20h02

Réalisateur du pesant Solas en 1999, l'Espagnol Benito Zambrano a voulu, pour son suivant long métrage, rendre hommage à la jeunesse et à la musique de Cuba, pays où il a été formé (à l'école de cinéma de San Antonio de los Baños). Un film musical peut-il supporter une musique médiocre ? Pas Habana Blues en tout cas, qui pâtit d'une fusion rock funk lourdingue aux textes indigents (ce que le sous-titrage souligne cruellement). C'est le premier défaut du film, et pas le seul.

L'histoire de jeunes musiciens cubains confrontés à des producteurs européens sans scrupules pêche par naïveté et une totale ignorance des pratiques du milieu musical (plus subtiles et perverses que ce que le film décrit). Dans sa partie non musicale, Habana Blues est pourtant souvent émouvant, quand il évoque le découragement, la tentation de l'exil et le déchirement des familles et des couples. Les acteurs sont plutôt sympathiques, et Yailene Sierra bouleversante dans son combat face aux difficultés du quotidien et au machisme.

Une coproduction avec l'Institut cubain du cinéma n'est certes pas la formule idéale pour aborder la situation politique de l'île. Mais Zambrano en donne une explication douteuse dans le dossier de presse : «Je suis convaincu que les artistes et cinéastes cubains doivent traiter eux-mêmes les problèmes de leur pays.» Il ne peut pourtant feindre d'ignorer la censure (il a dû supprimer toute allusion à la drogue) et la répression, avec l'affaire Gorki Aguila. Au terme du générique d