Il serait faux de dire qu'on se battait à Cannes en mai dernier pour assister à la projo unique de ce film roumain de deux heures et demie présenté à la sélection Un Certain Regard avec un titre a priori légèrement décourageant : la Mort de Dante Lazarescu. Cette comédie noire raconte en quasi-temps réel comment, pendant une nuit à Bucarest, le pauvre Dante, vieil ingénieur veuf et cirrhotique, est baladé d'un service d'urgence à l'autre, sous l'escorte d'une ambulancière consciencieuse et de plus en plus exaspérée, Miora Avram. Un grave accident de la route encombre les hôpitaux de blessés sanguinolents et le cas de Dante est accueilli avec désinvolture par un personnel hospitalier tour à tour indifférent, débordé odieux, lent et crevé. Aspirine, Algocalmine, Extravéral, Distonocalme, Diclofénac, Rennie, la liste des médications aberrantes s'allonge tandis que les fonctions vitales du subclaquant sont visiblement en train de le lâcher, de même que ses facultés mentales («Moi, pas peur opération... Les bombes ont pris à l'étage», vaticine-t-il sur son brancard, entre deux comas). Le scanner a parlé : hématome sous-dural dans la tête, tumeur cancéreuse au foie. Il faut opérer au plus vite. Il n'est pas au bout de sa peine... Le film a reçu au final le prix Un Certain Regard, avec les félicitations d'un jury emmené par le président Alexander Payne (Sideways). Le film décrochait aussitôt un contrat de distribution en France (Bac Films) et moissonnait par la suite nombre de réco
Interview
La Roumanie cuite al «Dante».
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par Didier Péron
publié le 11 janvier 2006 à 20h02
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