«Je ne fais pas autre chose que du cinéma», a dit João Pedro Rodrigues à un moment donné de la conversation. Quand il ne tourne pas, il attend de pouvoir le faire. Entre son premier film, O Fantasma, et Odete, il a attendu quatre ans. «J'aurais bien aimé avoir la capacité de faire autre chose, mais je n'ai pas pu.» Dans ce long intervalle, le cinéaste portugais a eu le temps de mûrir un nouveau film alliant l'érotisme et la mort.
Une énigme. On se souvient dans O Fantasma, relecture époustouflante de Fantomas, la lente dérive d'un jeune homme épris d'un autre sans retour et qui finissait par vénérer ses ordures, crevant les poubelles à sa porte la nuit, puis l'Ordure en général dans une grande séquence finale dans une décharge sublimée en Eldorado sexuel. Dans Odete, un jeune homme, Pedro, meurt très vite dans un accident de voiture laissant Rui (Nuno Gil), son amant, ivre de douleur. Odete, amie de Pedro, voit Rui pour la première fois à la veillée funèbre. Comme frappée pour une double illumination, elle se sent saisie d'amour pour lui et déclare être enceinte du mort. Le film dessine d'abord deux trajets qui se croisent peu, Rui dévasté d'un côté, Odete de plus en plus mythomane, exaltée, de l'autre, jusqu'au point de rencontre et de basculement dans la dernière partie. Le motif byronien du cimetière, lieu électif de l'amour passion, est repris ici à nouveaux frais, Odete dormant sur la tombe de Pedro, hystérisée par le manque mais aussi brûlée par le désir nécrophile. Rui