Personne n'osera affirmer le contraire : la guerre du Golfe n'a pas été une réussite. C'est même médiatiquement prouvé. Les plus de 30 ans doivent d'ailleurs conserver le souvenir mi-consterné, mi-moqueur de ce qui n'aura, en définitive, ressemblé qu'à un interminable bêtisier : une ou deux nuits télévisées de suspense illusoire, et puis plus rien, action nulle, décor monotone, déséquilibre patent des forces en présence, lisibilité déplorable, images laides de pyrotechnie meurtrière sur des villes pareilles à des maquettes, introduction fallacieuse du concept de frappe «chirurgicale»... Un foirage complet !
Film d'inaction. Du coup, pas de «beau» conflit, alors pas de bonne fiction à une exception près, en 2000, les insolents Rois du désert de David O'Russell, et encore, tirée par les cheveux, puisque l'intrigue démarrait au lendemain de la reddition de Saddam Hussein. Et voici l'Anglais Sam Mendes qui, aimant bien titiller les valeurs américaines (de l'humour acide d'American Beauty au crépusculaire film de gangster les Sentiers de la perdition), met la main sur un récit autobiographique de Tony Swofford, qui le passionne par son «mélange de machisme, d'humour, de situations surréalistes et d'observations très pointues».
Bingo ! En lieu et place de ces raids patriotiques qui irriguent les studios hollywoodiens, Jarhead sera le plus édifiant des films de «guère», vus de longue date. Un film d'inaction haletant, où le nombre de mécréants pulvérisés importe moins que le moral