Vous venez d'assister aux obsèques à Rome d'Agenor Incrocci (1919-2005), plus connu sous son pseudo, Age, qui fut, avec Furio Scarpelli et vous-même, un des grands scénaristes de la comédie italienne.
Nous écrivions au moins à deux. Age et Scarpelli, Ruggero Maccari et moi. Le cinéma est ainsi fait qu'il est plus sain d'écrire les scénarios en duo. Solitaires, les scénaristes-dialoguistes finissent par se prendre pour des écrivains et devenir verbeux. A deux, il y en a toujours un qui prévient l'autre quand il dérive. Et pour la comédie, vous pouvez toujours tester vos plaisanteries sur votre partenaire. Dans les années 50, nous ne nous limitions d'ailleurs pas à ces duos. Nous nous fréquentions tous beaucoup, les scénaristes, Age, Scarpelli, Ennio Flaiano, Piero De Bernardi... et les réalisateurs, Luigi Comencini, Mario Monicelli, Dino Risi... Nous allions voir les films ensemble dans les ciné-clubs, dont le rôle était alors primordial. Nous nous retrouvions dans les cafés, nous nous donnions des conseils. Nous ne parlions pas seulement de cinéma mais aussi de femmes et de politique. Et ces bavardages, ces bons mots, nous en parsemions ensuite nos scénarios. Cela a engendré une grande unité (de style, d'inspiration, de ton) que l'on peut encore percevoir dans les films de cette époque. Nous n'étions pas aussi isolés que les cinéastes et scénaristes d'aujourd'hui.
Comment vous est venue l'idée de travailler pour le cinéma ?
Naturellement. Déjà quand, adolescent, je collaborais au Marc'Aurelio (journal satirique romain où Fellini a aussi travaillé), je dessinais en fait des scénarios, des idées de gags, que les grands dessinateurs comme Attalo reprenaient. J'ai également écrit des gags pour les films de Toto, que Metz et Marchesi int