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Libération

Epris au lasso

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publié le 18 janvier 2006 à 20h05

Entre Wyoming et Texas, pendant près de vingt ans, deux cow-boys s'aimèrent d'amour tendre. S'il est possible de résumer le Secret de Brokeback Mountain à la façon d'une fable, c'est que le film le permet, qui proclame qu'il vaut mieux être tolérant que le contraire. Bien que les combats pour la liberté d'autrui ne soient jamais gagnés, cette édification ne vaudrait pas mieux que le «courage» de certains gîtes ruraux qui se proclament gay friendly histoire d'augmenter leur chiffre d'affaires. Un soupçon de cette sorte pourrait planer sur Ang Lee qui a dû remarquer qu'au box-office du cinéma mondial, le motif de l'homosexualité aboie hors la niche commerciale d'un public strictement pédé. Par ailleurs, sans vouloir voir le mâle partout, on notera que l'homosexualité latente de bons nombres de westerns classiques (cf. la Rivière rouge de Howard Hawks où Monty Clift se déclare très impressionné par le gros calibre de son camarade) a inspiré, au point d'en faire un standard, une longue saga de pornos gays où, l'un dans l'autre, Butch Cassidy encule le Kid. Bref, l'idée d'un cow-boy Marlboro qui ne fumerait pas que des cigarettes est a priori aussi inédite et palpitante que l'annonce d'une réduction des tarifs SNCF pour les couples «modernes». Mais à l'écran, le film vaut heureusement beaucoup mieux que sa morale.

Adam et Yves. Avec cette adaptation d'une nouvelle d'Annie Proulx (1), Ang Lee empoigne deux mythes cofondateurs du cinéma hollywoodien : le western (école Anthony Mann)