"Octobre 2004. La région où nous tournons, dans les environs de Bou Saâda, à 250 km au sud-est d'Alger, est donnée comme «sûre». Nous sommes constamment accompagnés par des protections de police ou de gendarmerie, ce qui ne simplifie pas nos déplacements. Derniers jours de repérages. Il y a dans le scénario une scène où des parachutistes encerclent un maquis indépendantiste. Nous cherchons un endroit qui fasse assez sauvage pour évoquer le djebel. Nous repérons un décor qui m'intéresse. L'après-midi tire à sa fin. Les policiers demandent que l'on ne tarde pas. Ils veulent que nous soyons rentrés à l'hôtel avant la nuit. Je fais le plus de photos possible, sachant que je ne pourrais peut-être pas revenir ici avant le tournage. Au retour, nous apercevons des silhouettes en treillis camouflés, des fusils de chasse entre les mains, postés sur le bord de la route. La voiture de police qui nous précède s'arrête à leur niveau. Un type barbu s'en approche. Dans notre voiture, Bahia (d'Alger) est saisie par la peur. Un policier s'en aperçoit et sourit : «Ce sont des terroristes, mais gentils, ils vont nous laisser passer.» Ces hommes sont en fait des chasseurs, connus de nos accompagnateurs.
1er novembre 2004. La veille du tournage, je visite le petit musée de la Révolution à Bou Saâda, gardé par deux anciens djounoud (que les militaires français appelaient fellaghas). Ils ont autour de 70 ans. Il n'y a aucune attitude de fermeture ou d'hostilité chez eux, mais j'ai l'impression qu'en