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Libération
Critique

Conflits intérieurs

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«La Trahison», sur les dilemmes de soldats de l'armée française lors de la guerre d'Algérie.
publié le 25 janvier 2006 à 20h09

On connaissait Philippe Faucon pour trois films d'adolescents, une trilogie crue de la difficulté de vivre, l'Amour, Sabine, Mes dix-sept ans, réalisés voici une dizaine d'années. Le cinéaste revient par la guerre d'Algérie, avec un film aussi simple qu'à vif sur le quotidien d'un poste de l'armée française en mars 1960, chargé de pacifier un bout du djebel en révolte.

Le film se situe aux croisements de deux biographies, le récit par Claude Sales (la Trahison, le Seuil, 1999) de son expérience de jeune lieutenant, appelé et responsable de ce poste d'une vingtaine de soldats. Et la mémoire «rentrée» de Faucon, fils d'un militaire ayant fait la guerre, qui jamais n'a pu percer à jour ce refoulé. Jusqu'à ce film, mêlant ces deux retours de mémoire, celui d'un ancien soldat qui, quarante ans après, fait le récit sec et précis de son expérience, et celui d'un jeune cinéaste qui veut soulever le couvercle familial, voire national, couvrant une guerre qui resta longtemps «sans nom». Même s'il faut tordre le cou à l'éternelle rengaine d'un cinéma français qui ne saurait pas filmer les conflits de son histoire : près d'une cinquantaine de films existent depuis 1960, qui ont fait de la guerre d'Algérie leur sujet, notant ses traumatismes sur la jeunesse française (d'Adieu Philippine à Muriel, du Petit Soldat aux Parapluies de Cherbourg, du Combat dans l'île à l'Insoumis) ou, plus rarement certes, en suivant ses errements caméra au poing (Avoir 20 ans dans les Aurès, RAS, Cher frangin,