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Libération

Japon de réaction

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publié le 25 janvier 2006 à 20h09

Polémique en haute mer. Et sur grand écran. Depuis sa sortie au Japon, fin décembre, le péplum nippon Yamato : la dernière bataille (Otokotachi no Yamato), de Junya Sato, suscite la controverse. Accueilli en fanfare au Japon, le film cause de vives réactions en Asie et aux Etats-Unis, où il n'a pourtant pas été distribué. Il ressuscite, grossièrement, la folle épopée du cuirassé Yamato, monstre de 65 000 tonnes aux blindages colossaux, qui quitta le port de Kure le 6 avril 1945 avec 3 333 hommes à son bord pour ravitailler les forces japonaises combattant les Américains à Okinawa. Mission en réalité suicidaire ­ comme le film, qui n'a trouvé aucun acheteur à l'étranger ­ puisque privé d'appui aérien, le Yamato fut coulé le 7 avril au large de Kagoshima, sous le déluge de feu de 400 chasseurs américains. Si, dans les salles de Tokyo, des spectateurs en pleurs louent «le courage» des «héros du Yamato», d'autres ne cachent pas leur malaise. 2 h 25 durant, la superproduction ressuscite, non sans pathos et de la façon la plus réactionnaire, l'esprit soudain magnifié de la mort volontaire au combat. En clair : la noblesse de l'échec, tant célébrée dans l'archipel depuis des siècles. La leçon est vite administrée. Certes, le Japon fasciste a perdu la guerre mais qu'importe, au vu de cette Dernière bataille, car l'âme du Japon est grande. Le gouverneur (ultranationaliste) de Tokyo, Shintaro Ishihara, en est persuadé. Je vais mourir pour nul autre que vous est le titre non pas du pro