Sauf omission, dix-sept films sortent aujourd'hui à Paris. Ce n'est pas un record et c'est bien là le problème : c'est un chiffre banal et moyen, énormément banal et moyen. C'est toute l'époque aussi : un reflet très fidèle de l'obésité ordinaire, des soldes bientôt permanents et des hypermarchés qui dégoulinent de choses écoeurantes et inutiles. Un reflet de la surconsommation béate et du gâchis organisé, en somme, puisqu'une bonne partie de ces dix-sept films est statistiquement condamnée à ne jamais trouver son public. Mais pourquoi sortent-ils ?
Parce que tous y ont droit et que tous, probablement, le méritent : dans l'absolu, l'accès à l'écran devrait être un droit du film irréductible. S'il a été conçu pour la projection en salles par son auteur, rien ne devrait permettre qu'on refuse à un film l'épreuve que, à ses risques et périls, il réclame. Pourtant, la sortie des dix-sept films qui se disputent nos suffrages ce mercredi constitue une nouvelle qui ne fait plaisir à personne, qui indiffère le plus grand nombre et que les professionnels auraient plutôt tendance à interpréter comme le symptôme supplémentaire d'une situation de plus en plus brouillonne et brouillée. Pour les semaines qui viennent comme pour les mois et les années passées, le programme des mercredis continue de ressembler à un cortège funèbre et étouffe-chrétien, qui grossit à mesure qu'il s'approche du cimetière et après lequel la critique s'épuise à courir, quand elle rêve souvent de partir en courant