Laurent Cantet signe avec Vers le sud son troisième long métrage après Ressources humaines (1999) et l’Emploi du temps (2001). Déjà monteur sur le premier, Robin Campillo a continué à ce poste pour les deux suivants, mais en cosignant également leurs scénarios. En 2004, il a réalisé un premier long métrage, les Revenants, relecture glaciale du film de zombies.
Rassembler à vous deux les postes du scénario, de la réalisation et du montage pose-t-il des problèmes ?
Laurent Cantet . D’avoir écrit le scénario et réfléchi au film ensemble permet au contraire, une fois qu’on en arrive au montage, d’avoir des idées claires et communes. Du coup, ça va vite, et comme je n’aime pas triturer à l’infini ce qui a été tourné, c’est parfait.
Robin Campillo. On a cette volonté de prendre le matériel tourné et de le monter brutalement. Ce qui m’intéresse au montage, c’est moins les structures qu’une certaine magie du bout à bout que je trouve très discréditée aujourd’hui. Trouver une évidence dans ce que l’on montre. Sur Vers le sud, on a beaucoup cherché et déstructuré le scénario.
L.C. Il faut dire aussi qu’au tournage, on a rencontré d’énormes problèmes météo. Je voulais m’offrir le luxe de tourner dans la continuité avec un décor unique, les comédiens ensemble. Et puis les ennuis climatiques m’ont empêché de le faire. Je décidais au jour le jour d’enlever une scène, d’en raccourcir une autre. Certaines scènes très découpées a priori ne pouvaient plus l’être en rai