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Libération
Critique

Western aux confins du Tibet

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publié le 25 janvier 2006 à 20h08

C'est certainement le plus beau film jamais tourné au Kekexili. Pour une raison au moins : il n'y en a jamais eu d'autre. Car s'aventurer dans une telle contrée, aux confins de la Chine et du Tibet, relève de la gageure : réserve naturelle, cette région désertique offre des conditions de vie (et de travail) inhumaines. Souvenir de tournage, à 4 000 ou 5 000 mètres d'altitude : «Sur le haut plateau, l'oxygène se fait rare, l'environnement est atroce et la route très mauvaise. Nous manquions toujours de nourriture... Vers la fin, le froid nous transperçait littéralement, la température a chuté de -10 à -20 °C. La moitié de l'équipe est tombée malade (d'hypoxie). Nous sommes rapidement passés de 108 à 50 ou 40 personnes.» A un moment, un des protagonistes lâche : «Ici, chaque pas à un endroit peut être le premier depuis le début de l'histoire du monde.» C'est dire.

Kekexili est une histoire de traque où, déjouant tout manichéisme, les bons et les méchants ne forment plus qu'une même communauté de gueux engagés dans une lutte impitoyable pour leur survie. Au coeur du propos, bien qu'on ne les voie pour ainsi dire pas, il y a les dernières antilopes du Tibet, si rares que des braconniers veulent leur peau ; tandis qu'une patrouille de volontaires, entraînée par un chef charismatique, s'efforce de rétablir l'ordre et d'endiguer le massacre.

D'une portée quasi documentaire, Kekexili se repaît de la beauté sauvage des éléments, mais sans pour autant oublier ses personnages en chemin.