La caméra ausculte le mur gris qui bouche l'horizon. Elle s'attaque ensuite aux parois défraîchies d'une cellule de 9 m2, avec posters de footballeurs et jolies filles dévêtues. Le décor minimal d'une vie en prison, avec les lits superposés, l'oeilleton et la serviette de fortune qui masque l'intimité des toilettes. Dix détenus de la prison des Baumettes, à Marseille, ont travaillé sur l'écriture, l'image, la mise en scène et l'improvisation dans le cadre d'un atelier audiovisuel organisé par l'association Lieux fictifs, avec le concours de deux réalisateurs, Jimmy Glasberg et José Cesarini.
Ovni. Il y a plus d'un an, grâce à Agat Films, Arte a diffusé, sous la forme d'un feuilleton documentaire (Libération du 22 novembre 2004), le résultat de cette «expérience cinématographique». C'était alors une sorte d'ovni télévisuel qui prenait le téléspectateur aux tripes par sa vérité et la justesse des dialogues. Des plans séquences tournés dans une cellule reconstituée par des détenus à la fois «interprètes et filmeurs de leur vie». Comprenez que, pour une fois, ils tenaient eux-mêmes la caméra et, en quelque sorte, les clés.
On attendait la version grand écran de 9 m2 et elle ne déçoit pas. Toujours la même force. Revoici Momo et Nordine qui s'engueulent comme un vieux couple autour d'une partie de Scrabble ; Philippe «l'intello» et William le rappeur, dans une scène étouffante de combat pour l'espace vital ; et surtout, Kamel, qui fait passer son écoeurement dans ses mains tremblan