Diego, gardien d'immeuble de profession, est une nouille. La vie sur le canapé. Avec sa femme, ils baisent mal, mou, et le plus souvent pendant la pub. Ils aiment les telenovelas, et les documentaires d'investigation où on peut voir en gros plan des policiers véreux traîner face contre terre le jeune mec qu'ils viennent de descendre en direct.
Overdose. L'homme-nouille avait une fille. Elle est adolescente maintenant. Elle a dû fuguer un certain temps, parce que quand elle rappelle Diego, il ne sait plus comment faire face à son retour. Il lui aménage un petit appartement. En fugue, la gamine a dû prendre quelques mauvaises habitudes, puisqu'elle a le bon goût de faire une overdose dans le logis même où l'avait installé son papa-molusque qui, cette fois, va bien devoir trouver une solution. Alors, pour ne pas être en deçà de cette vie pour rien, il choisit la pire : il découpe sa fille en morceaux et, dans des sacs poubelles, va ranger là une cuisse, là une épaule, là un crâne. Et commencer à disperser les morceaux. Diego, petit chaperon rouge paniqué, entame une descente carabinée du Styx, jusqu'à s'enfoncer dans une jungle de décharge publique. Cette seconde partie qui, dans son absolution, tourne le dos à l'accablement qui dominait la première, constitue largement le meilleur du film.
Sangre fait partie, avec Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas, de cette poignée de films à mi-chemin entre l'Argentine et le Mexique qui, déboulant à Cannes au printemps passé, ont déchiré