Menu
Libération

La frite du Sud

Article réservé aux abonnés
Tourné à Soweto, «Tsotsi», plusieurs fois primé, est aussi plébiscité en Afrique du Sud, où il attire un nouveau public noir. Un phénomène au regard d'un jeune cinéma encore fragile. Sortie française prévue en juillet.
publié le 15 février 2006 à 20h20

Johannesburg de notre correspondante

Le retour fracassant du cinéma sud-africain est régulièrement annoncé, sans que cela soit suivi de preuves concrètes. La sortie le 3 février dans le pays de Tsotsi de Gavin Hood est peut-être en train de changer la donne. Le film est immédiatement devenu un phénomène

du box-office, faisant 40 % d'audience de plus que The Constant Gardener de Fernando Mereilles, sorti en même temps. Tsotsi a rassemblé 77 000 spectateurs dès les dix premiers jours d'exploitation. Un record pour un film sud-africain d'art et essai. 93 % des films distribués dans le pays sont américains et le box-office est généralement dominé par de grosses productions hollywoodiennes que plébiscite un public majoritairement blanc. Les films sud-africains repérés à l'étranger, comme Yesterday ou U-Carmen (lire ci-dessous), étaient passés jusqu'ici en coup de vent sur les écrans nationaux.

Tsotsi a remporté une dizaine de prix à travers les festivals du monde entier (Toronto, Edimbourg, etc.) et est nominé pour les oscars dans la catégorie «meilleur film étranger». Il a bénéficié d'un soutien publicitaire sans précédent du distributeur sud-africain Ster Kinekor, afin d'«attirer un nouveau public noir, qui ne va pas habituellement au cinéma», selon son directeur général. La couverture médiatique a, elle aussi, été inhabituelle. Ce premier long métrage de fiction de Gavin Hood, Sud-Africain blanc formé à la UCLA, fait donc déjà figure d'exception au regard d'une jeune industrie ci