En présentant l'exposition «Correspondance Erice-Kiarostami», Alain Bergala en signale deux originalités. C'est la première fois que l'on y confronte deux cinéastes. Ensuite, ce n'est pas une exposition «sur» mais «de» Kiarostami et Erice, avec une production propre de leur part : cinq films originaux (lire ci-dessus) et des installations (l'éclairage des peintures d'Antonio Lopez par Victor Erice est étonnant).
Une troisième originalité pourrait être ajoutée : le rapport de filiation entre les deux cinéastes et le nouveau cinéma qui se produit en ce moment à Barcelone, aux confins du documentaire et de la fiction.
La première réussite dans le genre a été, il y a cinq ans, En Construcción de José-Luis Guerín, description pleine d'humour de la «gentryfication» de la capitale catalane à travers la destruction d'une vieille maison et son remplacement par un immeuble pour bobos. Deuxième réussite, Le ciel tourne de Dolores Alvarez, méditation sur la disparition progressive d'un village castillan. Ces deux longs métrages ont été produits grâce à l'université Pompeu Fabra de Barcelone, à sa section cinéma et à Jordi Ballo, l'autre commissaire de l'exposition, partisan d'un cinéma libéré de l'industrie. Le nouveau film de Marc Recha (réalisateur de Pau et son frère et de l'Arbre aux cerises) a bénéficié du même soutien moral et financier.
Même hors de l'université Pompeu Fabra et de ses choix esthétiques, ce cinéma «néo-néoréaliste» devient la marque de Barcelone. C'est ainsi qu'au de