Peter Molyneux n'est pas seulement l'un des plus grands game designers mondiaux, à qui l'on doit l'extraordinaire aventure de Fable ou l'invention des «God games» façon Black & White et Populous. C'est aussi un producteur très malin, qui a imaginé ce drôle d'objet baptisé The Movies : ni tout à fait un jeu, ni tout à fait un logiciel, disons une boîte à outils séduisante et astucieuse avec laquelle tout un chacun est amené à se mettre dans la peau d'un cinéaste.
La bizarrerie de The Movies est telle que, lors de sa sortie il y a quelques mois, personne n'a réellement mesuré son originalité. Trop décalé par rapport à la majorité des titres qui occupent la presse spécialisée, trop neuf dans sa proposition de base, trop flou dans son potentiel. Mais dès que le titre a eu le temps de s'installer sur les PC, son influence n'a cessé de croître et sa success story imprévue n'est pas sans rappeler celle de certains produits modernes que le marketing n'attendait pas et qui, néanmoins, le bousculent, tel le MP3, que l'on peut aussi concevoir après tout comme une table de mixage son personnelle.
Selon le vieux réflexe rétroactif qui accompagne tous les succès inattendus, on se demande bien pourquoi nul n'a songé plus tôt à inventer The Movies. On se demande aussi pourquoi tant de cinéastes en herbe ont attendu d'avoir le cadre proposé par ce «jeu» pour commencer à filmer par eux-mêmes. Et l'on en vient à se demander pourquoi le phénomène de l'appropriation du médium cinéma par des non-pr