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Libération
Critique

Beyrouth de traverse

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«A Perfect Day», métaphore somnambule du Liban d'avant le réveil,
publié le 1er mars 2006 à 20h30

Titre emprunté au comique troupier new-yorkais Lou Reed, image signée de la Française Jeanne Lapoirie, chef op attitrée de François Ozon, A Perfect Day bat, pourtant, pavillon libanais. C'est le second long métrage de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, la trentaine, couple de plasticiens cinéastes, ayant touché à la photographie (une inoubliable série de cartes postales du Beyrouth d'avant-guerre passées au vitriol), très à l'aise avec le documentaire (comme l'ont prouvé Khiam en 2000 et le Film perdu en 2003), et apprenant la fiction à tâtons : Autour de la maison rose, leur premier film en 1999, était raté, mais leur court métrage de l'année passée, Cendres, montrait une belle maîtrise du découpage.

Corps symptomal. A Perfect Day, qui s'envisage comme un lent zigzag dans Beyrouth, s'ouvre sur un premier quart d'heure très beau, commencement en situation bloqué, début de récit ironique puisque coincé en plein embouteillage monstre. C'est gonflé et tout à fait tenu à la fois, signe d'une envie forte chez eux de faire de leur ville une équation cinématographique. Une heure et demie après, il n'est pas certain que le contrat ait été totalement rempli, mais l'envie reste prégnante. Dans l'oeilleton de Hadjithomas-Joreige, Beyrouth est un foisonnant corps symbolique, un tissu saturé de sons, un climat, une architecture de lieux éclatée, une somme d'inachèvement, un chantier à ciel ouvert, une route barrée, une mer en horizon brumeux.

C'est aussi, et c'est encore bien regardé, un