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Libération
Interview

C'est «Darwin» qu'on assassine

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Tout juste césarisé, «le Cauchemar de Darwin» suscite la controverse. Echange de vues musclé entre le réalisateur et un historien qui lui reproche le manque de rigueur et les partis pris de son documentaire.
publié le 1er mars 2006 à 20h30

Le Cauchemar de Darwin d'Hubert Sauper, sorti en mars 2005, cumule les récompenses, après un vif succès en salles ­ et actuellement en DVD. Il vient de remporter le césar du meilleur premier film et il est nominé aux oscars. Ce documentaire dénonce les effets dévastateurs de la mondialisation à travers l'exemple de la perche du Nil dans le lac Victoria. Partant de l'industrie qui est née pour traiter et exporter ce poisson, le réalisateur peint tous les maux qui accablent la population de Mwanza, ville de Tanzanie, qui vit de cette activité : poisson devenu trop cher pour les habitants, paupérisation d'une grande partie d'entre eux, ravages du sida et trafic d'armes qui utilise les avions transportant le poisson vers l'Occident. Tableau très sombre, saisissant, efficace... Les critiques furent élogieuses, quasiment unanimes, mais, rançon du succès, quelques voix discordantes s'élèvent. Ainsi, l'UICN ­ l'Union internationale pour la conservation de la nature ­, qui travaille sur place, dénonce dans une lettre ouverte au réalisateur une «image fausse des impacts socio-économiques des pêcheries du lac Victoria» et lui reproche d'avoir fait l'impasse sur tous les aspects positifs de cette activité qui, selon elle, a permis de réduire la pauvreté.

Par ailleurs, dans un long article publié dans la revue les Temps modernes (1), François Garçon, historien, accuse Hubert Sauper de gommer «tous signes de modernité industrielle qui contrarient la thèse ultramisérabiliste d'une Afrique s