Hollywood n'en fait décidément qu'à sa tête. Il y a trois ans, l'épique Dernier Samouraï, d'Edward Zwick, relatait l'épopée nippone du mercenaire yankee et capitaine Algren. Or, le vrai «dernier samouraï» était français : le polytechnicien Jules Brunet, capitaine engagé à la fin du XIXe siècle pour moderniser l'armée du Japon. Cet hiver, les geishas de Kyoto ont failli s'étouffer en apprenant la sortie sur les écrans nippons de Mémoires d'une geisha sous le titre de Sayuri, film de Bob Marshall coproduit par Steven Spielberg. Car, bien qu'un quotidien américain ait osé écrire que «pour la première fois, une superproduction américaine réalise un film sur les Asiatiques avec comme rôles principaux de vrais Asiatiques», les gens de Kyoto fréquentant le monde clos et particulier des hanamachi, ces vieux quartiers où vivent et travaillent les geikos (terme du dialecte de Kyoto pour désigner les geishas) , digèrent encore mal le casting de ce film tiré du best-seller d'Arthur Golden (1997), qui fut descendu en flammes par la geisha qui en est à l'origine. Et à ne pas confondre avec le récit autobiographique Mémoires d'une geisha de Yuki Inoue.
Essence de la féminité. Le problème avec cette odyssée américaine dans les entrailles nippones, qui regorge d'images d'Epinal, de faux détails et de plans esthétiques frisant le surnaturel, c'est sa tromperie sur la marchandise. Boîte à clichés exotiques, bazar oriental, ce pur produit du kitch hollywoodien propulse au haut d