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Libération
Critique

Dans les ténèbres rwandaises.

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«Shooting Dogs», sur une école où 2 500 réfugiés abandonnés des Casques bleus furent massacrés en 1994.
publié le 8 mars 2006 à 20h34

Le titre, d'abord. Shooting Dogs fait référence à une phrase du livre du général Roméo Dallaire, le chef de la Mission des Nations unies au Rwanda (Minuar), qui expliquait qu'après le génocide, ses hommes ont passé l'été 1994 à tuer des milliers de chiens errants qui s'étaient nourris de l'immense charnier à ciel ouvert qu'était devenu le Rwanda. Ici, pour les besoins du film, la phrase est prononcée par un commandant belge dans l'enceinte de l'Ecole technique officielle de Kigali (ETO), refuge puis piège pour des centaines de Tutsis cherchant à fuir les génocidaires hutus. Après Hotel Rwanda, l'an dernier, et Sometimes in April de Raoul Peck, toujours pas sorti en France, voici un nouveau film grand public sur le génocide de 1994, qui a causé la mort de quelque 800 000 Rwandais, principalement tutsis. Dans un souci didactique évident, les auteurs ont choisi le drame de l'ETO qui offre unité de lieu, de temps et diversité des acteurs. Ils sont tous là : Hutus, Tutsis bien sûr, jeune coopérant européen, père blanc catholique, Casques bleus belges, légionnaires français, journalistes occidentaux...

Camp assiégé. Dès les premières heures du génocide, dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, des centaines de civils tutsis, rejoints par une quarantaine d'Occidentaux, cherchent refuge dans les locaux de l'école qui sert aussi de base à des Casques bleus de la Minuar. Rapidement, le camp de réfugiés improvisé est assiégé par les miliciens Interahamwe, jeunes extrémistes hutus en tenues ba