Quand on lui serinait qu'il était un enfant des années 60, Paul McIsaac, le complice de Robert Kramer depuis les années militantes, acteur dans Ice (1970), Doc's Kingdom (1987) et Route One USA (1989), répondait agacé : «Non, nous avons été formés dans les années 50. Nous sommes les fils du jazz et de la Beat Generation.» Ainsi était Robert Kramer, né à New York en juin 1939 : fils de la Beat Generation par sa facilité à partir sur la route à travers les Etats-Unis, l'Afrique, l'Europe, sa capacité à aller filmer chez l'ennemi fabriqué par son pays (le Nord-Vietnam) ; fils du jazz qu'il aimait (son ami le contrebassiste Barre Philips signa quelques musiques de film). Et fils des années 50, époque de ses premiers émois politiques (la guerre de Corée). Le festival Théâtres au cinéma de Bobigny propose une intégrale événement des films de Robert Kramer, mort brutalement en 1999 d'une méningite. Avec de nombreuses soirées spéciales en présence notamment de sa fille, Keja Ho Kramer, de l'actrice amie Laure Duthilleul, de l'écrivain John Berger, du cinéaste Stephen Dwoskin...
Dès ses débuts dans le cinéma dans les années 60, après des études de philosophie et de civilisation européenne à Stanford, Robert Kramer dédaigne le mode de narration linéaire et classique et rejoint la contre-culture en pleine formation. Il déserte de même la politique officielle (l'opposition démocrates-républicains), pour explorer les chemins de la révolution avec ceux de son âge qui veulent voir tomber l'