L'histoire du Passager est forte, belle mais ténue. Un homme apprend la mort de son frère, part pour la région de Marseille reconnaître le corps, récupère les affaires du défunt et, au lieu de retourner chez lui à Paris, reste sur place pour recomposer les morceaux épars d'une fraternité disparue. Elle était morte bien plus tôt, cette relation entre frères, et c'est aussi sur l'énigme de la rupture que le Passager va filer son enquête sentimentale, impressionniste, mélancolique et intuitive.
Un deuil, une fraternité qui s'avorte, des paysages d'enfance revisités et une petite poignée de personnages simples et forts qui ont tous une fraction de «vérité» à révéler sans pour autant qu'aucun ne soit capable de formuler une introuvable vérité générale et valable pour tous. Tel est le chemin de crête emprunté par Eric Caravaca pour sa première réalisation. La puissance du style du Passager surprend venant d'un acteur aussi sibyllin, voire discret, mais elle détonne également dans le paysage très fréquenté du premier film d'auteur à la française. Ce qui surprend moins, mais ravit, c'est le regard fraternel pour le coup, et déterminé, que Caravaca porte sur ses acteurs, tous excellents : Julie Depardieu, Nathalie Richard, Maurice Bénichou, Maurice Garrel et, éclatant d'une jeunesse dépolie, le troublant Vincent Rottiers, mieux révélé que jamais.
En cadreur ou en peintre. Adapté, avec son auteur Arnaud Cathrine, du roman la Route de Midland (situé aux Etats-Unis comme l'implique son ti