L'une des qualités de Barrage, le premier long métrage de Raphaël Jacoulot, est de ne jamais donner d'explication sur ce qui est montré. Les ellipses reposent. Même lorsque le générique de fin survient, on est laissé sans certitude. Est-il réellement mort, ce jeune fugueur anémié par une mère trop aimante ? Est-elle consciente, cette jeune femme, ou sa responsabilité est-elle altérée ? Qu'est-ce qui la pousse, mutatis mutandis, à entraîner dans une mort en douceur son fils (Hadrien Bouvier) ? On guette les indices à travers le beau visage de la comédienne Nade Dieu (découverte dans Notre musique de Godard), souvent filmé en gros et fixes plans, qui captent un regard inquiet et cerné. Sans que le plan suivant montre toujours les fantômes qui l'habitent ou ce que voit son regard.
Dérangeant. Il s'agit donc d'une jeune mère, Sabine, infirmière raisonnable et dévouée, et de son fils adolescent, Thomas, venus s'échouer, dans une grande bâtisse isolée à la croisée d'un barrage. Lumière verte et froide, nature recouverte de givre, suspense en suspens. Evidemment, un tel isolement invite à un massacre à la tronçonneuse qui ne prendra pas cette forme. L'assassin n'est pas tapi aux alentours, mais dans l'espace mental de Sabine qui semble se refléter dans la maison déserte. Cette femme et ce jeune homme pourraient être amis ou amants, le spectateur hésite sur le lien véritable du couple, même si l'ado appelle cette femme «maman». Peu à peu, on comprend que Sabine n'a pas élevé cet enfa