Menu
Libération
Critique

«Mamá» fait de la résistance

Article réservé aux abonnés
publié le 22 mars 2006 à 20h42

Le naufrage des classes moyennes, l'Argentine connaît. Ses cinéastes aussi qui, de Fernando Solanas à Pablo Trapero, se sont fait une spécialité d'en tirer des évocations étonnantes, entre poésie épique, humour noir et mélancolie corrosive. Conversaciones con Mamá n'appartient pas à cette catégorie. C'est, sur fond de crise, une petite comédie de catégorie sympathique, qui ne brille pas par sa dimension esthétique. Ce formatage quasi télévisuel ne l'empêche pas d'avoir des atouts, à commencer par l'interprétation de China Zorrila, leste dame de 83 ans, dont la renommée d'actrice est bien établie en Uruguay (son pays natal) et en Argentine, mais qu'on n'avait guère encore eu l'occasion d'apprécier de ce côté-ci de l'Atlantique.

La «Mamá» indigne du film, veuve âgée restée dans le petit logement familial déserté par son fils, c'est elle. Jaime (Eduardo Blanco), le rejeton quadragénaire, a fait son chemin, gravi l'échelle sociale, jusqu'à un poste directorial hautement rémunéré (grosse bagnole, belle villa chic et épouse à l'avenant), mais s'est fait rattraper par les dégraissages économiques. Viré, il en est à solder ses derniers actifs et à envisager l'expatriation. La vente de l'appartement de sa mère lui apporterait une bouffée d'oxygène âprement réclamée par son épouse. Mais voilà, Mamá, qui ne vit que pour lui, lui réserve une surprise. Elle n'est pas d'accord. En outre, elle s'est trouvé un fiancé troisième âge, SDF et révolutionnaire, qu'elle entend bien installer dans s