Berlin de notre correspondante
Avant de consacrer toute son énergie à l'imposante trilogie Heimat, Edgar Reitz, 73 ans, était membre d'un collectif de jeunes réalisateurs, le groupe de Oberhausen, qui, en 1962, proclama la mort du «cinéma de papa» et donna naissance à un nouveau cinéma allemand. Heimat n'est pas une ode à la terre natale dont l'innocence s'est effondrée avec le IIIe Reich, mais une oeuvre cathartique qui a permis à beaucoup, y compris Reitz, d'accepter le fait d'être allemand.
Aviez-vous l'intention de faire une oeuvre aussi monumentale ?
Non. J'ai démarré en 1979, et cela ne s'est jamais arrêté. Je venais de faire un flop retentissant avec mon film Der Schneider von Ulm, et je ne savais plus si j'allais continuer. Je me reposais chez des amis quand un orage a éclaté. Et, d'un seul coup, je me suis décidé à écrire l'histoire de ma famille. C'est en écrivant que je me suis aperçu qu'il y avait matière à faire un film.
Comment avez-vous trouvé la forme de cette saga ?
J'ai lu les grandes sagas, comme les Buddenbrook de Mann, l'Homme sans qualités de Musil et la Recherche du temps perdu de Proust. J'étais à la recherche d'une forme narrative pour raconter mon histoire. J'ai alors découvert que Balzac faisait revenir ses personnages à plusieurs reprises dans ses romans et j'ai compris que ce concept dramaturgique pouvait être transposé à l'écran. Après deux années d'écriture, j'ai travaillé avec un coauteur : nous avons écrit 1 200 pages rien que pour Heimat 1.
Qu'y a